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mais ses débuts dans la carrière épiscopale n'avaient pas été édifiants; sa réforme était en partie l'oeuvre de
saint Bernard qui, après lui avoir adressé, pour l'y confirmer un traité sur le devoir des évêques, s'était
maintenu dans l'usage de le gourmander sévèrement toutes les fois qu'un caractère violent et capricieux
l'entraînait à quelque faute. «La justice a péri dans votre coeur,» lui écrivait-il un jour. C'était là le premier
des juges d'Abélard[272]. Quant à l'archevêque de Reims, élu depuis peu et malgré le roi, qui résista
longtemps à son installation, il n'avait à grand'peine obtenu sa confirmation définitive que par l'énergique
intervention du saint abbé, dont il se regardait comme la créature[273]. Atton, l'évêque de Troyes, avait été
l'ami d'Abélard; il l'avait protégé dans ses premiers malheurs; il lui devait, ce semble, un peu d'appui, étant
dans l'Église plutôt du parti de Pierre le Vénérable que de celui de saint Bernard. Mais qui sait s'il ne se
croyait point suspect par ses antécédents mêmes, et s'il ne fut pas d'autant plus prompt à déserter son ancien
ami qu'il était plus naturellement appelé à le défendre? D'ailleurs, il se peut qu'il n'eût qu'une position faible et
compromise dans le clergé, ainsi que l'évêque d'Orléans Hélias, s'il faut en croire un récit contesté, d'après
lequel tous deux auraient été huit ans plus tard déposés par le concile de Reims[274]. Hugues de Mâcon,
évêque d'Auxerre, parent de saint Bernard, un des trente qui étaient entrés à Cîteaux avec lui, vingt-sept
années auparavant, ne devait voir que par ses yeux et penser que par son esprit[275]. On sait peu de chose de
l'évêque de Meaux. Celui d'Arras, Alvise, est désigné par un défenseur d'Abélard comme un des moins habiles
et des plus prévenus. On croit qu'il était frère de Suger, et il avait été abbé d'Anchin, monastère dirigé
longtemps par Gosvin, un des constants ennemis de notre philosophe[276]. Le maître de Gosvin, Joslen,
évêque de Soissons, en sa qualité d'ancien professeur de dialectique, aurait bien pu se montrer facile en
matière d'hérésie, mais il avait été rival d'Abélard sur la montagne Sainte-Geneviève, et collègue de saint
Bernard, dans la mission que celui-ci reçut d'Innocent II, en 1131, pour aller convertir l'Aquitaine à son
autorité[277]. L'évêque de Châlons, Geoffroi Cou de Cerf, était cet ancien abbé de Saint-Médard que le
concile de Soissons avait chargé de détenir et de discipliner Abélard; et lui aussi, il devait, à la
recommandation de saint Bernard, sa promotion à l'épiscopat[278]. On ne voit pas d'où aurait pu venir au trop
faible et trop redoutable accusé la protection, la bienveillance ou même l'impartialité.
[Note 272: Henry le Sanglier avait mené une vie mondaine depuis son élection en 1122 jusqu'en 1126.
Ramené à plus de régularité par Geoffroi de Chartres et par Burchard de Meaux, il passa sous la tutelle de
saint Bernard, qui le défendit auprès du pape et contre le roi. Voyez surtout celle de ses lettres qui est devenue
le traité de officio episcoporum (1127), et celle où le saint traite l'archevêque si durement pour avoir déposé un
archidiacre, l'accusant de provoquer ses adversaires et d'offenser ses protecteurs (1136). «Vous amenez des
pieds et des mains votre déposition,» ajoute-t-il. «Ita ne putatis perlisse justitiam de toto orbe, sicut de vestro
corde?» (S. Bern. Op., ep. XLII, XLIX et CLXXXII. Opusc. II, t. II, p. 460. Hist. litt., t. XII suppl., p. 134 et
228. Gall. Christ., t. XII, p. 46 et pars II, Instrum. p. 33.)]
[Note 273: S. Bernard. Op., ep. CLXX, p. 108 in not. Gall. Christ., t. IX, p. 86.]
[Note 274: Alberic., Ex Chronic., Rec. des Hist., t. XIII, p. 701. Gall. Christ., t. XII, p. 499; t. VIII, p.
1449. Hist. litt., t. XII, p. 227.]
LIVRE PREMIER. 96
Abelard, Tome I
[Note 275: Gall., Christ., t. XII, p. 292. Hist. litt., t. XII, p. 408 et XII, suppl., p. 7.]
[Note 276: C'est à lui, en effet, ou à Joslen que D. Brial applique le passage où Bérenger se moque d'un prélat
d'un renom célèbre, d'une grande autorité dans le concile, qui aurait, après avoir bu plus que de raison, fait une
harangue assez vive contre Abélard. (Ab. Op., p. 306. Cf. Rec. des Hist., t. XIV, p. 297. Gall. Christ., édit.
I, 1056, t. II, p. 216. Hist. litt., t. XIII, p. 71, et t. XII, p. 361. Voyez ci-dessus, p. 24 et 98.)]
[Note 277: Gall. Christ., t. IX, p. 357. Hist. litt., t. XII, p. 412. Voyez ci-dessus, p. 23.]
[Note 278: Gall. Christ., t. IX, p. 879. Hist. litt., t. XII, p. 186; voyez ci-dessus, p. 95.]
Saint Bernard n'eut donc aucune peine à faire prévaloir sa volonté, qui paraissait conforme aux intérêts de
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